MEDICAMENTS ANTICOAGULANTS

Que sont les médicaments anticoagulants ?

En cardiologie, les médicaments anticoagulants sont utilisés pour réduire le risque de formation de caillot (thrombus) dans le cœur et les conséquences de sa migration dans la circulation sanguine (principalement le risque d’accident vasculaire cérébral).

Ils sont prescrits lorsqu’il existe un risque thrombo-embolique jugé significatif :

  • Certaines arythmies : la plupart des cas de fibrillation atriale et de flutter atrial
  • L’embolie pulmonaire et la phlébite des membres inférieurs
  • Les prothèses valvulaires mécaniques

Quels sont les principaux types d’anticoagulants et comment agissent-ils ?

Il existe deux sortes d’anticoagulants :

  • Les antivitamines K (AVK)
  • Les anticoagulants oraux directs (AOD)

La vitamine K intervient dans la synthèse par le foie de 4 molécules de la coagulation (les facteurs II, VII, IX et X). Les AVK empêchent le mécanisme de réduction de la vitamine K (qui n’est pas active quand elle est oxydée) et donc la synthèse de ces facteurs vitamine K-dépendants. Ils sont au nombre de trois : warfarine (Coumadine ®), fluindione (Préviscan®) et acénocoumarol (Sintrom®).

Les AOD inhibent directement l’un des facteurs de la coagulation en se fixant directement sur lui: la thrombine (facteur IIa) pour le dabigatran (Pradaxa®) et le facteur Xa pour le rivaroxaban (Xarelto®) et l’apixaban (Eliquis®).

Comment ces médicaments sont-ils prescrits ?

Les AVK se prennent en une fois par jour et leur effet est durable, évalué environ 3 jours après leur initiation (ou après chaque changement de dose) par un dosage sanguin appelé INR. L’objectif de l’INR est souvent d’être entre 2 et 3, c’est-à-dire que le sang doit être 2 à 3 fois plus fluide qu’en l’absence de médicament : en-dessous de 2, le sang n’est pas assez fluide et il faut augmenter la dose, au-dessus de 3 il est trop fluide (avec un risque accru d’hémorragie) et il faut diminuer la dose.

Les AOD se prennent en une fois (rivaroxaban) ou deux fois (dabigatran, apixaban) par jour sans nécessité de réaliser des prises de sang pour juger de leur efficacité (leur concentration sanguine et donc leur effet biologique est beaucoup plus prévisible que celle des AVK). Pour chaque AOD il existe deux dosages, un faible et un fort, le faible étant habituellement prescrit aux patients âgés et avec une insuffisance rénale modérée.

Quelles sont les différences entre AVK et AOD ?

Les AVK sont beaucoup plus anciens (40 ans), les AOD sont disponibles depuis quelques années avec une expérience clinique maintenant conséquente.

D’une manière générale, les AOD ont des propriétés pharmacologiques plus prévisibles que les AVK, agissent rapidement et pour une durée brève, sont donnés à dose fixe sans surveillance par des prises de sang, ont moins d’interactions alimentaires et médicamenteuses. Les études cliniques qu’ils étaient non-inférieurs aux AVK pour la prévention des accidents thrombo-emboliques, parfois mêmes supérieurs, avec de façon constante une réduction des hémorragies intracérébrales. Ils sont plus coûteux que les AVK.

Les AVK sont les seuls à pouvoir être prescrits en cas d’insuffisance rénale sévère, de maladie valvulaire mitrale importante et de prothèse valvulaire mécanique.

Le choix entre AVK et AOD, et le médicament au sein de la classe, se fera en discussion avec votre cardiologue. Il n’existe pas d’étude ayant comparé les différents AVK ou AOD entre eux.

Quels sont les risques du traitement anticoagulant ?

Comme son nom l’indique, le traitement anticoagulant va fluidifier le sang et exposer au risque de saignements. Ces saignements peuvent être bénins ou dangereux, selon leur importance et leur site (cérébral, digestif, etc.). Ce risque de saignement est à balancer avec la protection contre le risque d’accident thrombo-embolique qu’ils apportent.

Quelles sont les précautions à prendre en cas de traitement anticoagulant ?

  • Respecter les règles alimentaires et les interactions médicamenteuses
  • Ne pas oublier la prise du médicament, et en parler à son médecin si oubli d’une prise
  • Consulter en cas de saignement, si possible sans arrêter le médicament avant
  • Prévenir de la prise du médicament en cas d’opération chirurgicale prévue
  • Pour les AVK, noter les résultats des INR dans un carnet spécifique
  • Avoir sur soi une carte indiquant le fait qu’on est sous anticoagulant